
Sa voix intérieure n’aimait pas Nina, pourtant elle était aussi la déesse mythologique de ses rêves, celle qui parcourait les étoiles sur son char de feu, illuminant son abîme de la couleur de l’espoir.
La mémoire : une obsession chez Niko Tackian
Elie Martins est garde nature dans le massif du Vercors. Amnésique suite à une blessure par balle, il est reparti à zéro dans cette région encore préservée. Alors qu’une tempête de neige s’annonce, Elie se lance sur la piste d’un loup signalé par plusieurs bergers. Les empreintes ensanglantées le conduisent à un immense pin situé dans une plaine désertique. Une femme nue est pendue à ses branches, une mystérieuse inscription gravée sur sa chair. Cette découverte macabre anime immédiatement quelque chose sur la toile blanche de ses souvenirs. La victime est un message à son attention, il en est certain. ? Le lieutenant Nina Mellinsky est alors dépêchée sur les lieux. Elie est-il coupable ou victime ? Elle ne sait que penser, mais son instinct lui dit que les réponses se trouvent dans les souvenirs disparus de cet homme sans passé.
Si Avalanche hôtel avait été une vraie déception pour moi, avec Solitudes j’ai retrouvé ce que j’avais aimé dans ma première rencontre livresque avec Niko Tackian. Un scénario qui ne souffre d’aucune approximation, une tension narrative qui monte crescendo, une ambiance…
Bienvenue dans le Vercors, ses hivers rudes, ses hauts plateaux, sa nature sauvage et… ses meurtres. C’est au cœur de cet écrin blanc que Niko Tackian nous livre une intrigue certes classique sur le sujet, mais particulièrement bien construite. L’auteur utilise un levier désormais courant chez lui : la mémoire. Pourtant, aucun sentiment de « déjà vu » et Niko a su se renouveler en s’appuyant sur un personnage essentiel de son histoire, le lieu de son intrigue, le Vercors. Comme pour La nuit n’est jamais complète, le scénariste d’ Alex Hugo donne vie à la nature qui joue un rôle central dans ce roman. Il utilise cet espace blanc, glacé, sauvage, rude et effrayant pour asseoir la tension narrative. Une tension appuyée par des chapitres très courts, une sensation d’oppression et des descriptions qui en mettent plein la vue.
Côté personnages, des esprits torturés et là encore c’est une signature de l’auteur. Flics ou citoyens lambda, victimes, personnages secondaires, Niko Tackian aime nous offrir des protagonistes taillés dans la souffrance et les épreuves. Des personnages qui ont une histoire, une vie, leur donnant corps au fil des pages. Si pour moi Diane reste un peu trop floue, il n’en demeure pas moins que je n’aurais pas été surprise de voir les autres se présenter à ma porte.
Autre particularité chez Niko Tackian, exploiter au maximum le titre de son roman. Que ce soit avec Toxique ou encore Fantazmë précédemment, ici la SOLITUDE tient une grande place et est traitée de différentes manières. Etre seul face à son passé, être seul face à ses erreurs, être seul et sans attache…
Enfin, une chose que je découvre chez l’auteur et qui ne m’avait pas marqué jusqu’alors, les descriptions. Que ce soit celles des paysages ou des émotions de ses personnages, je les ai trouvées justes, équilibrées, permettant une immersion totale dans cette ambiance glaciale et venteuse.
Un one-shot réussi qui ferait un très bon film d’ailleurs…
Enfilez votre combinaison de ski, votre bonnet, vos gants, préparez-vous une tisane Les deux marmottes (j’adore leurs tisanes…) et découvrez le Vercors sous la plume affutée de Niko Tackian.
Solitudes, de Niko Tackian, publié le 06 janvier 2021 chez Calman-Levy
J’ai beaucoup aimé aussi !
J’aimeAimé par 1 personne
Je retrouve Niko comme dans ces débuts. Jé ne regrette vraiment pas de l’avoir acheté
J’aimeJ’aime