
Ils jouent tous à Dieu. Mal adaptés, maîtrisant peu leur vie, ils se jurent d’y parvenir à travers d’obéissantes et rassurantes écritures.
Naïvement, ils pensent avoir trouvé là, l’ultime refuge face à la férocité du monde. Car tout est menace. Ils se convainquent : « Ici, tout sera ordonné, sécurisé selon ma volonté. »
A trop vouloir bien faire…
Le sombre Paris. Les profondeurs du métro.
Claude Sorensen et Werther, agents de maintenance autoproclamés de la RATP, finissent leur quotidienne et méthodique nuit de labeur.
Rentrés dans leur « terrier » situé sous le chemin de fer, les deux excentriques sont attaqués dans leur juste sommeil par un collègue travesti en sage-femme.
C’est l’incompréhension. L’agression nécessite légitime vengeance. Démarre une course-poursuite contre l’assaillant, fuite en avant et sans retour pour les trois parias, au cœur d’un monde dément et hostile : le « dédale » et ses multiples ramifications. Les « boyaux »…
Je l’attendais ce deuxième roman de Romain. Je l’attendais et me voilà déçue…
J’avais beaucoup aimé son premier roman, Vermines. Séduite par son humour caustique, son style décalé et cette histoire qui sortait des sentiers battus. Avec La dissidence des cancrelats, j’imaginais retrouver cet univers. Retrouver du Romain dans le texte et quelque chose de différent. Oui mais voilà, à trop vouloir être différent, Romain m’a perdue.
Côté style, j’ai eu le sentiment que l’auteur voulait nous faire une démonstration de ses capacités. Un vocabulaire qui passe du cru à l’extrêmement soutenu sans transition et c’est peut-être là le problème, en tout cas, pour ma part. Je me suis perdue dans les effets, les jeux de mots, les envolées stylistiques. Pour le coup, j’ai découvert « les boyaux » sans jamais retrouver mon chemin et je suis complètement passée à côté de l’histoire.
Côté personnages, ils sont colorés, bien plus que le milieu dans lequel ils évoluent: le métro. Des noms d’oiseaux, des estropiés, des vikings… Une galerie de personnages s’approchant davantage d’un bestiaire et aucun affect, pire aucun sentiment. Pas de dégoût, pas d’attachement, pas d’empathie. Le désert.
Malgré tout, certains thèmes sociétaux émergent dans ce joyeux dédale: marginaux, punk, la France « d’en bas », le pouvoir…
Me voilà donc bien embêtée… Je sais de quoi Romain est capable. J’aime son univers et son humour, mais avec ce roman, il ne m’a pas emmenée sur les terres jubilatoires que j’espérais visiter. Malgré tout, n’oubliez pas qu’un avis est personnel et que d’autres lecteurs ont aimé. D’ailleurs, vous pouvez retrouver la chronique d’Eppy Fanny sur le collectif Polar ici .
Si Romain R. Martin et moi nous nous sommes loupés sur ce roman, accros à l’originalité, aux OLNI, effets de style et plumes atypiques, ce roman peut vous séduire.
La dissidence des cancrelats, de Romain R. Martin publié le 18 novembre 2020 chez LBS.