Benzos de Noël Boudou

Je pourrais chercher des solutions concrètes, affronter mes problèmes comme un homme, seulement voilà, je suis totalement accro à cette merde. Le premier réflexe de mon corps à la moindre petite contrariété : avaler un comprimé ou deux ou trois. Je suis tellement habitué à cette réaction que mes besoins sont automatiquement calculés par mon organisme. Il me réclame la dose nécessaire à m’apaiser en fonction du dilemme auquel je suis confronté.

Chronique d’une plongée dans les eaux troubles de la dépendance

Vous est-il déjà arrivé de vous réveiller avec cette sensation de déjà-vu ?
Sauriez-vous faire la différence entre le vrai et le faux ?
Avez-vous une confiance absolue en vos proches ?
Nick semble mener une vie tranquille, entouré de sa femme et de ses voisins. Pourtant, le jour où des amis de longue date arrivent, son existence tout entière va basculer dans l’étrange et l’impensable.
Réalité ? Psychose ? Quelle preuve avez-vous finalement de votre réalité ?

Avant de vous donner mon avis, il faut que je sois totalement honnête avec vous. Le précédent roman de l’auteur, Elijah, a été plus qu’un coup de cœur pour moi. Il fait parti des 10 romans qui ont marqué ma vie, pour des tas de raisons différentes. Après cela, Noël et moi avons pas mal échangé et j’ai été touchée qu’il me cite dans les remerciements de Benzos. Quand j’ai vu qu’il était en lice pour le Prix des auteurs inconnus 2019, j’étais heureuse. Je vous avoue qu’en littérature noire, il était un des seuls extraits que j’avais sélectionné par choix. Parce que dans les 10 premières pages, une fois encore, je sentais que cet auteur allait me transporter dans son univers. A la fin de la lecture de Benzos oui, j’étais soufflée. Pourtant, j’ai failli décrocher…

La narration à la première personne du singulier, j’adore. C’est pour moi le meilleur vecteur d’émotions. C’est le choix qu’a fait Noël. Le style est brutal, sans filtre, vulgaire… Il sent la sueur, la dépendance. Tant de mots gravés sur une peau scarifiée par le manque mais aussi la folie qui guette. Les répétitions volontaires accentuent l’état de Nick, marquent tant l’addiction que l’euphorie à la consommation des fameuses pilules. Pendant la première moitié du livre, Nick nous raconte le gouffre dans lequel il sombre, mais aussi la fuite. Sa fuite. Sa fuite en avant pour refuser l’obstacle, une fuite couverte par le Dieu Benzos . Sa fuite dans un autre monde. S’abrutir, ne plus penser et laisser un voile noir l’envelopper. Une partie faite de fulgurances d’une poésie sombre et angoissante « Les premiers pétales de la fleur de mon angoisse se déplient ».

Puis vient le drame. Enfin pour moi. Un événement qui, s’il prend du sens à la fin, a failli me perdre en route. Un évènement pendant lequel l’écriture change, le ton aussi. Ce qui m’a extrait de ma lecture pour un moment. Mais au fil des pages, j’ai retrouvé la plume de Noël, celle qui est reconnaissable. Celle que j’affectionne et c’est bouleversée que j’ai refermé ce livre. Je ne m’attendais pas à une telle fin.

Si comme moi vous aimez retrouver de la musique dans les romans, vous serez comblés. Je n’ai jamais autant écouté Nirvana . L’auteur a aussi inséré beaucoup de références à la culture pop. Le genre de choses qui passent ou qui cassent. Personnellement, ça ne m’a pas dérangé.

Bien qu’une nouvelle fois conquise par la plume de Noël, il m’a manqué THE élément pour avoir un coup de cœur : de la lumière. Je sais que Noël est persuadé qu’il était impossible d’en mettre. Je sais aussi pourquoi il le pense. Pourtant, je suis persuadée que c’était possible. Il y avait une lueur au bout de sa plume, une lueur à saisir, il pouvait la faire grandir pour rendre ce roman moins gênant pour certains, moins obscur, moins noir. Il n’a pas fait ce choix.

Quand on plonge dans Benzos, on plonge dans un univers particulier. Dans un monde où réalité et imagination se mélangent. Quand on plonge dans Benzos, soit on lutte avec Nick et on ressent sa douleur, soit on s’en détache et on ne peut vivre ce roman. Pour ma part, j’ai ressenti sa douleur… Et vous, plongerez vous dans son univers ?

Pour rappel, ce roman de Noël Boudou, lu dans le cadre du Prix des auteurs inconnus, a été publié le 14 novembre 2019.

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