
Le mal n’est le mal que pour celui doté d’une conscience. Pour le pieux et pour le repentant. En dehors de la morale, le mal n’existe nulle part. Il n’est pas solide, il n’est pas tangible. Il n’est pas plus réel qu’un hologramme clignotant. Il n’est qu’une idée. Un leurre bien ficelé, pour les esprits incapables d’admettre leur nature. L’homme écrit ses propres limites et ses propres règles, et se condamne lui-même s’il échoue à les respecter. Il appelle ça, la conscience…
Chronique d’un roman viscéral
Leah Westbrook a disparu un après-midi de septembre, dans une petite ville de l’Oklahoma. Elle avait quatorze ans. Son corps n’a jamais été retrouvé. Depuis, sa soeur, Beck, a quitté la ville pour s’installer à Los Angeles. Elle vit par procuration le rêve de Leah, en tentant une carrière de comédienne. Sans aucun entrain. Contrairement à sa soeur, dont la peau était parfaitement unie, le visage de Beck est couvert de taches de rousseur. Des taches qu’elle abhorre et qui lui rappellent l’extrême violence de son père. Bientôt, des corps atrocement mutilés sont retrouvés dans le quartier d’Hollywood où elle a vécu.
Dans ce roman polyphonique, écrit avec les tripes, Morgane Montoriol nous entraîne dans les méandres des violences intra-familiales, les silences coupables, les conséquences psychologiques. Mais elle nous parle aussi de fratrie, de l’attachement de deux sœurs, unies face à l’horreur. Mais loin de circonscrire son roman à ce thème, elle nous raconte aussi Los Angeles, du besoin de briller et d’être reconnu, de ce monde où se mêlent paillettes et requins.
L’emploi de la première personne du singulier pour chacun des personnages, et l’utilisation du présent renforcent les émotions et le rythme. Une immédiateté qui transporte. Des personnages qui m’ont pris la main et entraînée dans leur univers cru, brutal, torturé. Des personnages qui sont clivants. Aimés ou détestés, ils ne peuvent laisser le lecteur indifférent.
Le style est incisif, dynamique. Il y a une sorte d’urgence dans l’écriture de Morgane mais aussi une forme de colère. Des répétitions volontaires pour appuyer ou renforcer émotions et situations. Un vocabulaire cru, parfois vulgaire mais qui est en total symbiose avec les personnages que nous offre l’auteur.
Taches rousses est un roman qui tient en haleine et où le voile ne se lève que dans les dernières pages… Un roman clivant que vous adorerez ou détesterez pour le style unique de son auteur. Pour ma part, c’est un sans faute et j’ai été conquise et touchée par l’écriture de Morgane.
Une nouvelle voix du noir est née et je ne peux que vous inviter à la découvrir.
Taches rousses de Morgane Motoriol, paru le 29 janvier 2020 aux éditions Albin Michel.
Synchro ! Vais publier la mienne à l’instant 🙂 Et clairement sur la même longueur d’onde 🙂
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Une plume prometteuse 😉
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Oh que oui !!!
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Rhoooo mais je ne l’ai pas lu celui-là !
Et j’en ai entendu des retours très mitigés voire négatif.
Ton avis change la donne, va falloir que je m’y plonge.
Et si Valette si met aussi
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Il a beaucoup divisé oui. C’est un livre clivant. Perso, comme tu as pu le voir, j’ai vraiment beaucoup aimé.
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