
De toutes façons, aller en Russie aujourd’hui… pour trouver quoi ? Des ruines. Du vide. Car le pays que nous avons connu n’existe plus : les Rouges ont tout exterminé, tout sali, même la langue, qui n’est plus tout à fait la même. Alors que nous reste-t-il ? Nos souvenirs, nos rêves, la « Russie intérieure » qui est en nous, et quelques objets, qui sont l’unique lien avec notre âme.
Chronique entre Histoire de la Russie Impériale et secrets de famille
Milena, petite-fille de Russes blancs, a une passion : les trésors perdus de la Russie des tsars. Alors qu’elle s’apprête à partir pour Saint-Pétersbourg où une cache datant de 1917 vient d’être découverte, elle apprend que sa maison de Nice a été saccagée. Sur les murs, d’énigmatiques vers slaves, probablement des références codées à Vladimir le Grand, fondateur de la Sainte Russie. Un siècle auparavant, Vera, ballerine du théâtre Mariinsky, est déchirée entre les faveurs d’un grand-duc, son amour pour un poète anarchiste, et un brûlant secret d’Etat dont sa famille est dépositaire.
Entre une superbe couverture et une quatrième qui aiguise ma curiosité, impossible de résister à la tentation ! C’est donc pleine de questions que j’ai ouvert ce roman entre enquête et roman historique. Alors attention, pour les fans de pur thriller ou de roman policier, point de torture, d’équipe de flics ou de cadavres à tous les coins de rue. C’est davantage dans une enquête entre présent et passé que nous entraîne Violette Cabesos, sur les traces du soleil rouge du Tsar.
Avant d’ouvrir ce roman, je ne connaissais des Romanov et de la chute de l’Empire Russe que ce que les livres d’Histoire m’avaient appris. Après cette lecture, me voilà enrichie. J’ai appris la différence entre Russes blancs et Russes rouges, je me suis un peu perdue dans la grande famille Romanov, j’ai découvert l’importance de la religion et de l’iconographie, les complots, les trahisons…
Dans ce roman où les personnages sont multiples ( l’arbre généalogique en fin de roman n’est pas de trop ), l’auteur nous entraîne dans le mystère et les légendes qui entourent la mort du Tsar Alexandre Ier, dans les conspirations de Raspoutine et dans le combat des socialistes révolutionnaires qui, bien que cherchant à mettre fin à l’Empire, ont tout tenté pour faire barrage à la vague rouge de Lénine.
Violette Cabesos traite également des liens familiaux, des secrets de famille, de l’exil, de l’attachement d’un peuple pour son pays, et si ici il est question de la Russie, le constat peut se faire de la même façon pour de nombreux expatriés et d’autant plus quand les fuites sont liées à des situations politiques chaotiques.
Dans un style soutenu et avec un vocabulaire riche, l’auteur nous fait voyager dans le temps, au présent avec Milena et dans le passé au travers du journal intime de Véra. Si l’immersion est totale, j’avoue m’être un peu perdue parfois dans les longues confessions de Vera. Si au départ, le déséquilibre entre passé et présent apporte quelques longueurs, il est nécessaire à l’installation du contexte et j’ai dévoré le dernier tiers du roman, avide de connaître ce secret qui avait traversé les générations.
Si vous aimez l’ Histoire, que vous avez une passion pour les secrets de famille et que la Russie Impériale vous fait rêver, ce roman est fait pour vous.
Le soleil rouge du Tsar, de Violette Cabesos, paru le 29 janvier 2020 chez Albin Michel.