La peau froide de Albert Sanchez Pinol

La mascotte avait entonné un air d’une lointaine origine balinaise, une mélodie qu’il serait inutile de décrire, une musique qui devait fuir tout pentagramme. Combien d’humains avaient-ils entendu cette chanson ? Combien d’êtres humains, depuis le début des temps, depuis que l’homme est homme, avaient-ils eu le privilège d’entendre cette musique ? Juste Batis et moi ? Tous ceux qui avaient affronté à un moment donné la dernière bataille ?

Chronique d’un rendez-vous manqué

Sur un îlot perdu de l’Atlantique sud, deux hommes barricadés dans un phare repoussent les assauts de créatures à la peau froide. Ils sont frères par la seule force de la mitraille, tant l’extravagante culture humaniste de l’un le dispute au pragmatisme obtus de l’autre. Mais une sirène aux yeux d’opale ébranle leur solidarité belliqueuse.

Voilà une quatrième de couverture qui était alléchante. Si je découvre l’univers fantastique à petits pas, le mot humaniste ne pouvait que me convaincre de me lancer dans cette lecture aux aspects philosophiques prometteurs. Pourtant, pas de coup de cœur, pas de réel plaisir, et même si certaines réflexions m’ont permis de terminer ce roman, l’ennui a pris le pas sur l’ensemble.

En découvrant le premier quart du livre, j’étais plutôt emballée. Un style fluide et poétique même s’il est légèrement désuet. Un travail autour de l’Irlande, de son indépendance, de son histoire qui m’ont donnés envie d’aller plus loin. Mais tel un pétard mouillé, la suite a fait pschitt ! Beaucoup de longueurs, de répétitions de situations, sans que cela n’apporte de vie à l’histoire ou une avancée dans les réflexions.

J’ai persévéré, je suis allée au bout, espérant une fin qui me sortirait de cette apathie littéraire, sans succès. Je n’ai pas trouvé de réponses à mes questions, ni été sensible aux démonstrations philosophiques de l’auteur. Autre point négatif me concernant, l’ambiance. Bien que l’ensemble du roman se déroule sur une île, je n’ai pas ressenti de sentiment d’isolement, d’oppression et je n’ai, à aucun moment, su me projeter dans son univers. Pas d’attachement aux personnages, ni d’empathie. Je n’ai d’ailleurs jamais réellement compris leur relation mais je mets ce dernier point sur le fait que j’ai subi la lecture du roman. Je n’étais sans doute pas assez attentive pour en capter toutes les subtilités.

Depuis la fin de ma lecture, je suis allée lire divers avis, et globalement, ils sont plutôt positifs. Il est probable qu’il ne s’agisse donc que d’une question de perception, de moment de lecture aussi peut-être. En tous cas, il y a une chose que je retiens de ce roman, c’est son atypisme ! Mêler fantastique et philosophie de la sorte était un pari osé et qui ne peut qu’être salué.

La peau froide et moi, c’est donc l’histoire d’un rendez-vous manqué. Une incompatibilité peut-être. Pour autant, la plume de l’auteur est remarquable dans la construction des phrases, dans la poésie de certains passages, et je pense pouvoir dire sans me tromper, que les amoureux du genre pourront être bien plus séduits que je ne l’ai été.

Enfin, sachez que le roman a été adapté au cinéma, et que mon petit doigt m’a dit que le film était magnifique…

La peau froide de Albert Sanchez Pinol, paru aux éditions Actes Sud le 03 janvier 2007.


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