
Depuis ce 15 juin 1912, le désir de vengeance s’étendait et se transmettait comme une loi, à toute la lignée des hommes parents de la petite victime. »
Chronique d’un roman noir pas comme les autres
Rosa Barloti a 7 ans en ce 15 juin 1912. Mais Rosa n’aura jamais 8 ans et elle ne reverra jamais la Corse… Septembre 2018, Ange Barloti, comme tous les hommes de sa famille avant lui , a juré de venger la mort de Rosa.
J’ai découvert la plume de Bénédicte Rousset avec Le Lis des Teinturiers , et si j’avais trouvé quelques faiblesses quant au dénouement de l’intrigue , j’avais déjà été particulièrement touchée par la singularité de sa plume.
Un style rond , élégant et poétique aux notes parfois désuètes mais au goût d’une pâtisserie juste sucrée comme il faut. Attention , quand je dis désuet , n’y voyez rien de négatif , au contraire. Bénédicte Rousset manie la langue française avec délicatesse. Elle lui rend hommage dans les pleins et les déliés que l’on peut presque deviner derrière ses mots. Dans l’utilisation d’un panel large de vocabulaire mais aussi dans les tournures de phrases.
Côté intrigue , amateurs de sensations fortes , passez votre chemin. Là encore , Bénédicte se démarque. Pas de violences , pas de sang , mais une intrigue entre passé et présent où se mêlent vendetta , quête identitaire et mystères. Pas de grande surprise , ni de switch palpitant. Vous n’y trouverez pas non plus de noirceur à outrance mais au contraire beaucoup de luminosité dans les messages qu’elle nous transmet. Une histoire qui comporte encore quelques faiblesses , mais là n’est pas l’essentiel. Il y a tant d’autres belles choses à découvrir dans ce roman.
Bénédicte nous offre des personnages uniques qui , dans leur construction , ne ressemblent en rien à ce que j’ai pu lire. Ils sont des mélanges d’époques. Certains sont patinés , à l’image d’un bois qui se transforme au gré des saisons, d’autres sont résolument modernes , à l’image de Laura. Bien qu’elle soit un personnage secondaire de l’intrigue, elle est , à mon sens, la touche de modernité. Une trentenaire d’aujourd’hui en opposition à Romilda si touchante dans sa fragilité.
Ouvrir un des romans de Bénédicte , c’est lire un roman policier mais lové dans la douceur d’un nuage , sous un plaid moelleux avec une tasse de thé. C’est s’abandonner à la délicatesse de sa plume et refermer le livre avec tendresse.
Enfin, je ne pouvais conclure sans te remercier Bénédicte pour ton clin d’œil à mon prénom , ce qui m’a profondément touchée.

Romilda de Bénédicte Rousset, paru le 16 mai 2019 aux éditions La Trace.