
Tout ce que je veux – la vengeance
Tout ce dont j’ai besoin – la vengeance
Pardonner est divin
Mais la vengeance m’appartient
Alice Cooper, Vengeance is mine
Chronique d’une vengeance
Un notable assassiné, un braquage qui tourne mal, un flic border-line, une traque… Une quête et une soif de vengeance qui prendront fin quand ils auront tous payé…
Pour commencer, je ne vais pas vous refaire l’historique du changement de pseudo de Cédric ni vous dire que ce roman marque ce tournant. Il me semble que vous l’avez déjà beaucoup lu. En outre je compte bien éviter les redites. Cette chronique ne sera pas dithyrambique et je ne vais pas vous dire que ce roman est « le » thriller à ne pas manquer parce que je suis plus mitigée que la plupart de mes amis blogueurs. Maintenant que vous êtes avertis, entrons dans le vif du sujet.
À l’origine le terme latin vindicta désignait la baguette avec laquelle on touchait un esclave que l’on souhaitait affranchir. Avec le temps, le sens du mot a évolué. De désignation, vindicta est devenu un terme de revendication pour prendre enfin les sens qu’on lui connait aujourd’hui: punition et vengeance. Je ne vous surprend donc pas en vous disant que ces deux notions sont au cœur de ce thriller.
Une vie a été volée, il faut que justice soit faite et que les coupables soient punis. Vengeance/punition. Si ces thèmes ont déjà largement été développés dans la littérature, Cédric fait le pari de les reprendre à son compte et c’est plutôt malin. Les intrigues qui se basent sur des histoires de vengeance sont souvent génératrices d’émotions fortes. L’humain, en général, ne supporte pas l’injustice, et encore moins quand la victime est un enfant. Nous avons ce besoin de savoir que les coupables d’actes, à nos yeux répréhensibles, paieront leurs méfaits. Se pose ensuite la question de l’éthique. Loi du talion ou justice des hommes? Les deux sans doute, l’une sauvage et sans limite, la seconde mesurée et régie par des règles. Un thème qui garantissait , si ce n’était une adhésion, en tous cas un fort intérêt chez le lecteur.
Vindicta est construit sous forme de roman choral sans l’être complétement. Il y a un point de vue différent à chaque chapitre sans pour autant que ce soit un des personnage qui en soit le narrateur. Manière habile de ne pas perdre le lecteur dans la galerie des nombreux protagonistes de cette intrigue.
D’ailleurs, les personnages principaux sont particulièrement bien construits sur l’aspect psychologique. Ils sont vecteurs de multiples émotions (colère, empathie…) et forment l’ossature d’une intrigue dont l’affect et les relations humaines sont les piliers.
Sur la forme toujours, le récit est au présent mais avec des retours réguliers dans le passé. Il mêle différentes histoires et tisse, telle une araignée, une toile d’éléments complexes qui finissent par se rejoindre. Voilà le lecteur piégé, telle une mouche, au cœur de la toile de Cédric. Si pour beaucoup , le procédé a fonctionné et que de nombreux lecteurs ont effectivement été complètement transportés par ce roman, ce n’est pas mon cas.
Je ne peux pas dire que je n’ai pas aimé Vindicta, ce serait vous mentir. Mais sur le fond, plusieurs éléments sont venus déranger ma lecture.
Dès le départ, un couac. Les rapports entre services de police, tels qu’ils sont décrits, ne sont pas crédibles. Alors certes, l’imaginaire n’est pas le réel, beaucoup d’auteurs prennent des libertés avec le fonctionnement des services de police ou de gendarmerie. Quand il s’agit d’éléments annexes d’une intrigue, ça ne me dérange pas trop. Mais ici, une grande partie de l’histoire repose sur ce point ce qui a forcément influencé la suite de ma lecture.
Autre bémol pour ma part, les scènes de violences. Je ne suis pas une lectrice sensible, la brutalité et le sang ne me dérangent nullement quand ils servent à l’intrigue , mais ici, par moment , j’ai eu le sentiment inverse: que l’intrigue et notre vengeur servaient de justification à ces descriptions détaillées. Ayant lu Cédric dans ses œuvres précédentes, je sais qu’il n’est pas dans son habitude de nous servir tripes et boyaux sans raison. Est-ce ma perception initiale du roman qui a engendré ce blocage? Sûrement.
C’est à un peu plus de cent pages de la fin que ma lecture a basculé dans le positif. Un twist inattendu et placé intelligemment. Un petit coup de fouet qui a provoqué l’addiction tant décrite chez d’autres blogueurs. Une montée d’adrénaline, un regain d’intérêt qui ne m’a pas quitté jusqu’à la dernière ligne.
Si je n’ai pas été totalement convaincue, il n’en demeure pas moins que je suis admirative du travail de construction du roman dans la forme, mais aussi sur le fond quant à la « mâche » que Cédric a su donner à ses personnages.
Vindicta est un thriller musclé qui saura ravir les amateurs du genre, toutefois, ayez le cœur bien accroché et n’oubliez pas qu’il s’agit d’une fiction…

Vindicta de Cédric Sire, paru le 21 mars 2019 chez Metropolis noir.
Je peux comprendre les bémols mais lessentielest que tu en sortes quand même convaincue ! Moi, je n’ai rien eu à lui reprocher, j’ai été conquise ! Mais évidemment je n’ai pas une bonne connaissance des rouages de la justice, alors évidemment je suis incapable de relever un défaut du genre !
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Nath, ce qu’il se passe pendant le braquage, les photos, la rétention d’info… c’est juste impossible. Jamais ça n’arriverait dans la réalité et l’intrigue repose en grande partie sur ce point. J’ai même lu dans des chroniques que ça permettait d’en savoir plus sur la guerre entre services de police…. Cédric a voulu ancrer son thriller dans la réalité et ce couac m’a vraiment gêné.
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Oui c’est vrai qu’en y réfléchissant, c’est un peu gros… mais je me suis laissée prendre dans l’action mais maintenant que tu le soulignes, je me sens naïve 😁
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Tu n’as pas à te sentir naïve 😉
Pour moi qui suis dedans ça saute aux yeux… ce qui me fait peur c’est que Cédric ayant voulu ancrer son récit dans le réel, certaines personnes pensent que de telles choses sont possibles.
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Oui, effectivement, c’est un risque !
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Je n’ai encore rien lu de l’auteur et suis plus tentée par ses anciennes parutions 🙂
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Julie, pour ma part j’ai préféré les précédents…
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