
La lieutenante Gardel et le capitaine Daloz se trouvaient déjà sur place quand Benoit et Vernet poussèrent les battants de la morgue située au centre hospitalier de Valence, à une trentaine de kilomètres de Crest. Le légiste tenait une scie électrique à la main et Benoit ne put s’empêcher de penser qu’ils auraient mieux fait de rouler plus doucement pour éviter cette étape.
Chronique d’un rendez-vous manqué
Le sous-lieutenant Benoit rêve d’enquêtes, d’adrénaline, mais à la brigade territoriale de Crest, c’est plutôt les contrôles routiers qui remplissent ses journées. Une peugeot 205 qui slalome, un énième contrôle, mais celui-là va entraîner une série d’événements qui vont sortir Crest de sa tranquillité. Une enfant perturbée, une mère disparue, un cadavre énucléé… Un voile d’interrogations entoure le prieuré de Crest et l’étrange Joséphine qui y héberge ses protégées.
Il est toujours difficile de chroniquer un livre que l’on n’a pas aimé et c’est d’autant plus difficile quand il a été écrit par un auteur que l’on aime tant pour ses écrits que pour la personne. Toutefois, quand j’ai commencé à partager mes avis, j’ai précisé que ce serait le cas pour tous les livres lu et de manière objective, quel qu’en soit l’auteur.
Le prieuré de Crest ne m’a pas transporté. L’histoire et l’idée de base étaient pourtant séduisantes, mais…
Mais plusieurs aspects sont venus assombrir le tableau. Si l’ensemble manque de rythme à mon goût et que j’ai espéré une évolution en cours de lecture, ça n’a pas été le cas.
Alors que des événements, à mon sens secondaires, ont traîné en longueur, paradoxalement j’ai trouvé que certaines révélations arrivaient trop vite. Ce fut le cas notamment lors des interrogatoires où un personnage, décrit comme une personnalité forte, craquait en quelques minutes. Quant à la fin… elle me pose véritablement question.
Les personnages m’ont perturbé, et là où, pour certains, j’aurais dû ressentir de l’empathie au regard de leur vécu, ils me sont apparus, au contraire complètement antipathiques. Les gendarmes, quant à eux, m’ont laissé dubitative.
Les aspects techniques des experts sont trop nombreux, au détriment des aspects émotionnels dans la construction des personnages mais aussi de l’intrigue. Les problèmes de procédure, le terme de « lieutenante », peu apprécié dans la profession par les femmes elle-même, m’ont aussi beaucoup dérangé même si je sais que pour beaucoup de lecteurs ces aspects sembleront être des détails. Pour ma part, ça a nuit à la lecture. Toutefois, comme me l’a fait gentiment remarquer l’auteur, le fait que je n’ai pas été transportée par l’histoire a sans doute mis en exergue ces aspérités à la lecture.
Malgré le tableau sombre que je viens de dresser, je tiens à souligner l’intérêt pour les thèmes abordés par Sandrine dans ce roman, même s’ils n’ont pas toujours pris un chemin avec lequel je suis d’accord. Mais là c’est une question de choix ou d’interprétation. Ainsi, elle évoque le traumatisme des femmes violentées, les conséquences psychologiques, la reconstruction… Elle évoque également certaines maladies psychiatriques et développe largement la notion de vengeance.
Si j’avais adoré Les jumeaux de Piolenc qui flirtait, pour moi, avec la perfection, Le prieuré de Crest ne me laissera pas le goût attendu. Néanmoins, ça ne m’empêchera pas de lire les prochains roman de Sandrine. Je ne doute pas que ce roman plaira à un grand nombre de lecteurs même si c’est, pour ma part, un rendez-vous manqué.
Le prieuré de Crest de Sandrine Destombes, paru le 06 mars 2019, aux éditions Hugo&Cie, collection Hugo Thriller.
Comme je te comprends
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Ce n’est jamais agréable de faire ce type de retours mais l’honnêteté c’est important. Et vraiment ce roman m’a déçu.
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Bon ben voilà, un rdv manqué comme tu le dis si bien !
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Oui…
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