
J’ai frissonné. Je me suis levée et j’ai regardé le ciel. Étais-je en train de devenir folle ? L’espace de quelques instants, j’avais occulté la noirceur des nuages qui pesaient sur mon fils. Mais la nuit était lourde, l’issue insaisissable. Louis ne reviendrait peut-être jamais, je le savais. Je me suis mise à pleurer, silencieuse, immobile. Mon obstination était sans doute absurde, mais je ne pouvais me résoudre à laisser partir mon fils sans lui avoir permis de réaliser tous ses rêves d’enfant.
Combien de temps me restait-il ? Moins d’un mois maintenant. J’avais déjà perdu combien de précieuses journées. Il était plus que temps d’entamer cette course contre la montre et pour la vie.
J’ai tourné la première page et découvert ce qui m’attendait.
J’allais sortir de ma zone de confort, je le savais. J’étais prête. Pour Louis. Et sûrement un peu pour moi.
Chronique d’un petit bijou
« Pourquoi a-t-il fallu attendre un drame pareil pour nous rendre compte de l’importance que nous revêtons l’une pour l’autre? Pourquoi gâche-t-on toutes ces années à se détester à grands renforts de non-dits, quand au fond rien n’est brisé? Tellement de temps perdu, d’occasions manquées, de gâchis émotionnel. »
Cet extrait de La chambre des merveilles , de Julien Sandrel aux Editions Calmann-Lévy, résume à lui seul l’un des messages principaux de ce roman qui porte tellement bien son nom, parce que oui, ce roman est une merveille.
Pas une merveille au sens claque littéraire, Objet Littéraire Non Identifié ou encore chef d’œuvre de la littérature. Mais une merveille au sens où le message qu’il transmet percute, fait échos à nos vies si pleines de tout, au sens où il résonne comme une mise en garde: Ne passez pas à côté de ceux que vous aimez et ne passez pas à côté de votre vie.
Au cours de ma lecture, je suis passée par des montagnes russes émotionnelles! Les jeux à sensations des parcs d’attractions ne sont rien en comparaison des vertiges qui m’ont pris en lisant l’histoire de Thelma, de son fils Louis et de leurs proches.
Du rire aux larmes en passant par l’angoisse et l’espoir, Julien Sandrel a su, par sa grande qualité d’écriture, transmettre tout un éventail d’émotions. Et qu’il est bon de ressentir de telles sensations à la lecture de ce roman. Il m’a fallu prendre le temps de digérer un peu le vide ressenti en refermant mon livre, et pouvoir rédiger cette chronique (en live comme à mon habitude) en étant certaine de réussir à transmettre au mieux mon ressenti et surtout parvenir à vous en donner un avis fidèle de ce qu’il est réellement.
La chambre des merveilles n’est pas qu’une histoire touchante, ce n’est pas que l’histoire de Thelma qui accompli les rêves de son fils alors que ce dernier est dans le coma.
La chambre des merveilles c’est aussi son auteur. Le soucis du détail dans son écriture. Les mots qu’il fait sortir de la bouche de chacun de ses personnages sont justes et en totale adéquation avec ceux qu’ils sont, leurs personnalité, leurs sensibilités.
Le soucis du détail jusque dans le nom de la société de cosmétiques pour laquelle travaille Thelma: Hégémonie en référence à la toute puissance et au culte de l’apparence… Une société dans laquelle la parité entre les hommes et les femmes n’est qu’une illusion d’optique, une société dans laquelle être mère ,célibataire ou non, est un handicap, une société qui impose de travailler le week-end quand on veut des responsabilités et cela au détriment de votre famille évidemment….
Hégémonie, une société comme tant d’autres dans notre pays… Et pour avoir été comme Thelma jusqu’à il y a encore quelques mois, forcément une part de transfert s’est opérée sans que je ne puisse lutter.
« Hégémonie est pour l’égalité entre les hommes et les femmes, Hégémonie investit pour le succès des femmes dans la société. Il y a toujours un gouffre entre la théorie, la politique affichée, et la pratique, cet autre visage d’une même organisation, ces non-dits qui aboutissent à un taux de femmes dans les comités exécutifs des grands groupes ridiculement bas. Depuis toujours je m’étais battue pour accéder à ces hauts postes, il était donc hors de question d’afficher une quelconque fibre maternelle en pleine conversation de travail, même un samedi, même à 10h31 ».
Quoiqu’il arrive, dites à vos proches que vous les aimez, ne cachez pas vos ressentis, vos sentiments. Vivez vos vies pour vous et avec vos proches et non en fonction de vos plans de carrière… parce que le temps perdu ne se rattrape pas.
Julien Sandrel vous transmet ce message, bien mieux que moi, sans aucun pathos, sans ce côté dégoulinant de mièvrerie que l’on peut retrouver dans certains romans. Il vous le délivre avec justesse, émotions, en vous secouant parfois…
Ce merveilleux roman est un coup de cœur pour moi, et un des seuls que je relirai sans doute régulièrement.
Un roman qui entre dans les dix romans qui ont marqué ma vie de lectrice.
Il m’a été difficile de quitter Thelma et Louis, mais sans doute pour mieux retrouver mon fils, ma famille et mes amis.
La chambre des merveilles de Julien Sandrel paru le 07 mars 2018 (poche le 27/03/2019), aux éditions Calmann-Levy.
Merci pour ce retour
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Avec plaisir 😊😘
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