
Il la regarde sans répondre. Les bras croisés sur son gros ventre, Elise est l’image de la résolution. Il aimerait avoir son courage. Sans elle, il se serait effondré depuis longtemps. Il tient pour elle, et pour le bébé. Mais jusqu’à quand pourra-t-il se cramponner à des espoirs qui éclatent plus vite que des bulles de savon? Il ne veut pas quitter cet endroit. Après vingt ans de dérive, il est enfin de retour chez lui, auprès de sa famille. Même si la famille en question ne correspond pas à celle que l’on décrit dans les contes de fées. C’est la sienne. Et c’est ce qui compte. »
Chronique du secret
C’est au cœur des Vosges que nous emmène Gilbert Gallerne avec ce roman très noir, brutal...
Dès les premières pages, je revois les Vosges, les paysages naturels magnifiques mais aussi les cadavres des anciennes scieries et filatures qui parsèment les lieux. Gilbert nous entraîne dans un semi huis-clos dans l’une des scieries de ces paysages. Eric est né dans l’une d’elle. Lorsque, à l’âge de 5 ans, la grande scie lui emporte la main, sa mère le confie à une tante. 20 ans après, Eric se retrouve à la rue avec sa femme enceinte. Il n’a pas d’autre choix que de retourner à la scierie. Difficile de prendre ses marques dans une famille dont on est sans nouvelles pendant tant d’années. Eric et Elise vont vite comprendre qu’entre les secrets de famille et la tyrannie de Léo, le frère aîné, ce retour n’était sans doute pas le bon choix…
Au fil d’une écriture nerveuse, au détour de phrases courtes, dans un style brut voir brutal, Gilbert Gallerne nous emporte dans une histoire sombre à souhait. Le malaise est palpable, il étreint le lecteur avec un sentiment d’oppression, l’enserre dans ses griffes avec puissance…
L’auteur nous livre des personnages puissants, qui nous touchent par leur force ou leur côté sombre, voir abject pour certains… Un roman que j’ai lu d’une traite, emportée par l’histoire, sa violence qui, si elle n’est pas toujours décrite, suinte en filigrane au fil des mots de son créateur.
Des personnages qui vivent en autarcie dans un coin reculé de notre douce France, des secrets de famille, de la peur, de la violence, de la douleur, de l’amour, de la tendresse… Gilbert Gallerne a su mêler l’ensemble de ces sentiments pour nous livrer un roman noir, puissant avec un final qui m’ a scotché… Pas que je m’attendais à une autre fin, mais il ouvre les champs du possible et que c’est bon…
French Pulp a le chic pour nous livrer des romans hors « case » et même si, pour moi, ça ne fait pas mouche à chaque fois, j’avoue que ce culot me plait!
Quant à Gilbert Gallerne, j’avais adoré son précédent roman noir et dérangeant Sous terre personne ne vous entends crier, Mauvaise Main prend la suite avec brio et plus de force encore!
Mauvaise Main de Gilbert Gallerne, paru le 10 janvier 2019 chez French Pulp
Merci pour cette critique.
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Avec plaisir Gilbert! J’ai hâte de lire le suivant… J’aime vraiment votre style, une véritable carte d’identité littéraire!
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Je l’ai lu la semaine dernière.
C’était mon premier de cet auteur
ET j’ai pris un bel claque.
Un super romain noir sur la condition humaine.
Va falloir que j’en fasse la chronique 😉
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bonjour
moi aussi j’aime beaucoup Gilbert Gallerne
ce roman est déjà paru en 2015 sous le titre « liés par le sang » Editeur : Objectif Noir.
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Ah bon? Vous me l’apprenez! Un très bon roman et une belle plume que celle de Gilbert Gallerne.
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Bonjour,
Tout d’abord, un grand merci pour les aimables choses dites sur ce que je fais, cela fait toujours plaisir pour un auteur de se voir apprécié.
J’aimerais maintenant revenir sur la première publication de ce livre : en fait il serait plus exact de parler d’une première version.
Publiée en édition numérique, plus quelques exemplaires papier via createspace, la première version diffère en effet grandement de celle que vient de sortir French Pulp.
Pour commencer, j’ai supprimé une centaine de pages du manuscrit original en sabrant dans le texte. Ensuite, le résultat obtenu n’étant pas satisfaisant, j’ai tout réécrit de la première à la dernière ligne (j’ai dû conserver peut-être sept ou huit lignes de dialogues, au grand maximum). Dans l’opération, la longueur totale s’est vue encore réduite. Enfin, la narration est passée au présent. Cela, c’est pour l’aspect « technique ».
Du côté de l’histoire, j’ai modifié l’intrigue policière qui reposait sur un gang de pirates de la route pour la remplacer par un trafic de drogue.
Pour terminer, la fin a été amplement modifiée elle aussi, la première version ayant été jugée trop noire par des lecteurs que je qualifierais d’avisés. Un grand merci à eux, qui ont contribué à améliorer ce livre.
Et merci à tous ceux et toutes celles qui vont accueillir cette nouvelle mouture… et l’apprécier, j’espère.
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Merci Gilbert pour ces précisions qui outre l’éclairage sont très intéressantes!
Je souhaite longue vie à « Mauvaise Main » ainsi qu’à vos autres ouvrages 😊
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