
« Allez voir au Bangladesh, en Chine, qui confectionne vos T-shirts ? Dans les mines du Congo, qui extrait les minerais pour nos précieux smartphones ? Ce sont des enfants, asséna Kruger. Nos concitoyens, si bien sous tous rapports, ne sont que des pleutres et des faux-culs. Ils s’indignent, ils hurlent qu’ils veulent défendre la démocratie, mais s’assoient dessus dès qu’ils s’agit d’agir pour le bien des enfants dans le monde. Ils se moquent de la condition humaine tant que les vitrines de leurs magasins préférés sont bien garnies. »
Chronique de l’horreur
L’Alaska
et ses espaces désertiques, l’Alaska et ses paysages à couper le
souffle, l’Alaska et le froid…
L’Alaska que je
connaissais par divers films a pris un tout autre visage entre les
lignes de Tout le monde te haïra. C’est une Alaska terre
d’horreurs et de l’innommable que j’ai découvert dans ce roman
et c’est un voyage que je ne suis pas prête d’oublier.
Dans une petite ville côtière au sud de cet état, des plongeurs tombent nez à nez avec des cadavres emprisonnés dans la glace. Ces dépouilles sont celles de marins dont le navire « le new horizon » a sombré en 1920. Peu à peu le fleuve rejette des corps, lentement, il les sème sur ses rives au gré de la fonte des glaces dans lesquels ils ont été emprisonnés. Mais tout le monde s’interroge… Où sont donc les orphelins ? Le bateau transportait des centaines d’enfants dont les corps n’ont pas refait surface.
Quelques semaines après cette découverte, Alice débarque dans la commune portuaire avec au cœur, l’espoir de retrouver sa sœur. Elle embauche un détective privé, Nimrod Russel, pour l’aider dans ses recherches.
La veille de l’arrivée d’Alice, un notable de la ville est retrouvé pendu par les pieds, éventré à l’aide d’une arme inuit, un hakapik. Le lieutenant Tracy Bradshaw, en charge de l’affaire, n’a jamais vu une telle horreur…
Trois points de départ, trois histoires qui se croisent, se chevauchent, se séparent, s’enlacent pour nous conduire vers un final à couper le souffle.
Une écriture dynamique, un style incisif et addictif, me voilà accro à la plume d’Alexis ! Pas un chapitre sans une nouvelle piste, de nouvelles interrogations, des impasses ou des déviations. Je me suis perdue dans mes hypothèses tant l’auteur nous entraîne habilement avec lui dans les méandres de son imagination.
Esclavage, amitiés, haine, vengeance, traumatismes de l’enfance, déviances sexuelles ou encore manipulation mentale, tant de sujets qu’ Alexis traite habilement tout au long de ce roman qui m’a coupé du monde le temps de sa lecture. Cinq cents pages dévorées avec une gourmandise proche de la gloutonnerie tant j’ai été avide de savoir : que sont devenus ces orphelins ? Pourquoi la sœur d’Alice a-t-elle brutalement quitté son mari et son fils ? Les inuits sont-ils vraiment responsables de la mort de ce notable connu et respecté de tous ?
Entre mystères, conflits communautaires et jeux de pouvoirs Tout le monde te haïra m’a entraîné aux confins de l’horreur…
Tout le monde te haïra d’Alexis Aubenque, paru le 05 novembre 2015 aux éditions Robert Laffont, collection La Bête Noire.